Le jargon universitaire (à sauter si vous êtes déjà un pro)
Première chose à savoir : l’université est une structure accueillant en son sein plusieurs facultés spécialisées dans des domaines similaires (faculté de droit et science politique, fac de sciences et ingénierie, fac de médecine, fac de mathématiques et informatique, fac de sciences économiques et de gestion, fac de langues…).
La « faculté » est le nom générique décerné à ces regroupements. Officiellement, il s’agit généralement d’UFR (Unité de Formation et de Recherche) mais vous pouvez parfois trouver des écoles ou encore des instituts. Le savoir permet de mieux comprendre comment effectuer des recherches sur les sites universitaires. Et puis « fac » c’est quand même plus agréable à dire que « UFR ».
Si vous avez déjà entrepris des recherches sur les différents cursus proposés en université ou dans d’autres structures, vous avez sûrement déjà aperçu la mention « formation initiale », « formation continue » mais savez-vous à quoi cela correspond concrètement ?
La particularité de la formation initiale est que l’étudiant est censé consacrer l’intégralité de son temps à la formation (expérience professionnelle comprise pour les contrats d’apprentissage) alors que la formation continue (hors contrat de professionnalisation) se déroule en dehors du temps de travail .
Les crédits ou les ECTS (European Credits Transfer and Accumulation System) est un système d’équivalence permettant notamment de faciliter les échanges et la reconnaissance des diplômes à l’échelle européenne et internationale. Hormis cet usage, les ECTS font office de coefficients pour calculer votre moyenne. Un semestre comprend 30 ECTS donc 60 pour une année et 180 pour l’ensemble de la licence.
Si vous avez au moins 10/20 dans une matière, les ECTS associés à la matière sont définitivement acquis. Ex : avec 15/20 en droit constitutionnel vous obtenez la totalité des 6 ECTS attribués à cette discipline indépendamment de votre note (vous n’obtenez pas 4,5 ECTS sur 6).
Certaines facultés utilisent un système de coefficients dissociés du nombre d’ECTS rattachés aux matières : cela modifie la donne en favorisant généralement les matières principales au détriment des mineures, ce qui justifie le délaissement de ces dernières par une grande partie des étudiants.
Les UE (Unités d’Enseignement) sont des regroupements de matières selon leur importance dans le cursus ou le type d’enseignement : UE fondamental, UE complémentaire, UE linguistique, UE Projet/insertion professionnel(le), UE transversal, UE méthodologique.
Ici encore, chaque université compose son menu comme elle le souhaite.
Chaque UE est composée d’EC (Eléments Constitutifs) correspondant aux diverses disciplines de votre cursus : droit des contrats, droit constitutionnel, histoire du droit, méthodologie des exercices juridiques, langue vivante…
Ce que le monde estudiantin dénomme « petites matières » sont les matières mineures qui valent peu d’ECTS (de 1 à 3 ECTS) et sont considérées comme étant plus abordables. Les étudiants les mettent souvent de côté car elles pèsent moins lourd dans la balance lorsqu’elles sont organisées en contrôle terminal. Ces matières reléguées en arrière-plan des révisions laissent trompeusement penser que l’on peut tout ingurgiter en seulement 2 nuits blanches avant l’examen (c’est faux ou alors vous faites partie des rares bienheureux qui assimilent tout très vite, se pointent à l’examen en ayant à peine relu leur cours, en ressortent avec un 15 minimum sans problème et… qu’accessoirement tout le monde déteste).
À partir de la L2 (voire de la L1), vous pourrez choisir vos petites matières parmi quelques propositions, ce qui permet d’affiner votre profil de juriste (rien de rédhibitoire, rassurez-vous !).
En opposition, les matières fondamentales (ou majeures) sont, comme leur nom l’indique, les matières servant de fondations à votre formation que tout juriste se doit d’avoir dans son bagage. Vous n’aurez la possibilité de les choisir qu’à partir de la L3, l’année de la spécialisation en licence.
CM ne veut pas dire Community Manager, pas plus que TD ne signifie Télégramme Diplomatique ou Thé Dansant (merci Wikipédia mais qui penserait sérieusement à parler de TD pour Tea Dance ???). Les CM et les TD sont les deux formats d’enseignements que recevra l’étudiant en droit pendant toute sa scolarité en université.
Le CM ou Cours Magistral est un cours théorique se déroulant en amphithéâtre avec plusieurs centaines de camarades (au début du semestre, le nombre diminue au fur et à mesure). C’est l’occasion pour un professeur de faire un monologue d’une 1h30 à 4h ponctué par les bruits de clavier incessants des étudiants ne souhaitant pas rater un seul mot. Le professeur est rarement interrompu, sauf s’il pose une question (faites attention, parfois elles sont purement rhétoriques, attendez un peu avant de répondre pour ne pas vous taper la honte devant 500 personnes qui vous auront oublié (on espère) au cours suivant… et puis au pire ce n’est pas la fin du monde non plus !).
Les CM ne sont pas obligatoires (on s’en doute, sinon le prof passerait 30 minutes à faire l’appel) mais si vous voulez continuer dans cette voie, il ne faut pas prévoir de sécher et compter sur le cours de quelqu’un d’autre : venir en cours permet de se familiariser avec les notions. Choisir de ne pas venir en CM, c’est compromettre vos chances de réussite (exception faite des professeurs qui ne font que lire un manuel : autant aller le lire en BU soi-même si vous n’avez pas une mémoire auditive).
Le TD ou Travaux Dirigés sont des cours en « petit comité » d’une trentaine de personnes. Ce mode d’enseignement est ce qui se rapproche le plus de ce que vous avez connu au lycée, l’assiduité est donc obligatoire. À la différence des CM, les enseignants sont des doctorants ou des professionnels du monde du droit. Les TD viennent compléter et approfondir le cours d’amphi en permettant à l’élève de pratiquer les divers exercices juridiques et notamment ceux qu’il retrouvera en examen à la fin du semestre. D’une durée de 1h30 à 2h, il permet à l’étudiant d’interpeller le chargé de TD sur des points particuliers de cours ou de la fiche de TD où il a éprouvé des difficultés. C’est aussi le moment pour essayer de gratter quelques points en participant, ce qui aide aussi à mieux assimiler le cours mais également à se faire connaître du chargé de TD, ce qui peut être utile lors des délibérations du jury d’examen.
Si vous pouvez vous présenter les mains dans les poches au CM, ce ne sera pas le cas en TD où l’enseignant peut vous attendre au tournant. La participation n’est certes pas obligatoire mais nombre de chargés de TD estiment que si personne ne participe, il n’y a pas lieu de corriger la séance. Le cours se base sur la préparation de l’étudiant et les problèmes soulevés durant celle-ci. Le mode d’évaluation peut inclure des interrogations orales, des tests surprises ou encore le ramassage aléatoire des devoirs, il faut donc travailler en amont pour ne pas se retrouver démuni en classe.
Une dernière catégorie de cours peut être incluse dans la formation : les cours dispensés par… des PDF (ou tout autre support dématérialisé).
Cette méthode d’enseignement est exclusivement utilisée pour des mineures. L’étudiant dispose de ressources sur son ENT et doit gérer seul l’apprentissage du cours tout au long du semestre. Des référents sont éventuellement disponibles pour répondre aux questions des étudiants sur le contenu du cours. Cette organisation des cours est incontestablement l’une des plus pernicieuse pour un étudiant sans rigueur personnelle : les cours étant disponibles à tout instant, il sera incité à procrastiner et réviser la matière au dernier moment.
Contrôle continu Le contrôle continu pur est assez rare en fac de droit et concerne surtout les mineures. Ce mode de contrôle prévoit uniquement des évaluations au cours du semestre pendant les TD (ou plus rarement en examen ponctuel) : au moins deux notes pour obtenir une moyenne.
Contrôle terminal Le contrôle terminal est très fréquent et concerne toutes les matières sans TD. Il est constitué d’un seul examen en fin de semestre.
Un mix des deux La proportion varie selon les professeurs et les universités mais le ratio est souvent placé à 50/50. L’élève est donc en partie évalué en TD et en partiel (d’où il tire son nom, une « partie » de la note).
L’évaluation en TD Il y a 3 principaux modes d’évaluation en TD : les interrogations orales, notation des devoirs de la fiche de TD et enfin des tests écrits. Les tests écrits sont plus courants en L1 en raison de la durée du TD (2h) pour une durée plus courte (1h30) les années suivantes . Les interrogations orales sont à différencier de la participation orale : prendre la parole en cours ne revient pas à se faire évaluer sur un exercice juridique préparé (plan/intro de disserte, exposé, débat, cas pratique, fiche d’arrêt…). Un autre contrôle rentre en compte dans la moyenne de votre TD bien que vous ne le passiez pas dans ce cadre, c’est le galop d’essai. Les juristes se sentant obliger de marquer leur différence ont dénommé leur examen mi-semestriel « galop d’essai ». Ce dernier se présente sous le format du partiel de fin de semestre et constitue la 2e note la plus importante après le partiel.
L’évaluation en partiel / examen final Certaines universités différencient le partiel de l’examen, d’autres non. Pour celles qui le font, le partiel correspond uniquement à l’évaluation se présentant en fin de semestre qui est couplée avec l’évaluation en TD pour former la moyenne. L’examen n’intervient que pour les matières où c’est la seule et unique note obtenue du semestre pour la matière concernée. Pour les universités ne faisant pas cas de cette distinction, les partiels sont des examens de fin de semestre. Le partiel a autant de formes que d’exercices juridiques : dissertation, cas pratique, commentaire d’arrêt, commentaire de texte (lois, articles, arrêtés, traités), QRC , QCM argumenté, QCM, oral. La durée des épreuves écrites varie selon ce format de 30 minutes pour un QCM de mineure à 3h ou 4h pour les partiels de majeures (les oraux durent généralement 10 à 30 minutes et sont peu fréquents en licence en raison du nombre d’élèves).
Pour passer à l’année supérieure, vous devez valider votre année avec une moyenne générale de 10/20 sur les 2 semestres.
La compensation est un système qui permet de contrebalancer les notes. Ainsi, si vous avez obtenu une moyenne honorable de 13 dans votre UE fondamental au premier semestre mais que vous avez eu des soucis au second semestre, vous validez tout de même votre année si vous avez plus de 7 dans l’UE fondamental. Nous insistons sur le fait que la compensation ne s’opère qu’entre EC (éléments constitutifs) d’une même UE. Une UE du S1 peut compenser l’UE du S2 ayant le même intitulé.
Dans leur magnanimité, les autorités de la faculté peuvent choisir de regrouper des UE dans des ensembles au sein desquels les UE se compensent. En gros, si votre fac est sympa, votre 19 en anglais permettra de rattraper votre 6 en histoire du droit et si elle est extrêmement sympa elle peut pratiquer la compensation totale ou la compensation de vos UE fondamental avec vos autres UE sous réserve d’un seuil (ex : avoir 7/20 pour vos UE fondamental).
Les modalités de compensation changent selon les universités, n’hésitez pas à les consulter pour ne pas avoir de mauvaise surprise.
En espérant que cette section ne vous soit jamais utile, il faut tout de même connaitre l’existence des dispositifs donnant une seconde chance à ceux qui ont rencontré des difficultés scolaires ou personnelles pour leur permettre d’éviter le redoublement.
Au cours de votre scolarité au lycée, les seuls rattrapages que vous êtes susceptibles d’avoir passés sont ceux du Baccalauréat si votre moyenne n’atteignait pas 10 après harmonisation du jury.
En université, une session de rattrapage est organisée annuellement pour les élèves qui ont échoué à valider leurs deux semestres après compensation (mention « ajourné »). Les rattrapages concernent les disciplines où vous avez obtenues moins de 10/20. Toute matière ayant une note supérieure à 10 ne peut être « rattrapée ».
Si voyez la mention « défaillant », il faut commencer à s’inquiéter. Cela peut être une simple erreur de saisie de l’administration, sinon cela signifie que vous ne vous êtes pas présenté à un examen ou que vous avez été absent plus de 2 fois (ou 3 selon la fac) à un TD. Dans ce cas de figure, la compensation est tout bonnement neutralisée. Elle sera rétablie si vous allez aux rattrapages.
Le mécanisme de passage conditionnel ou d’AJAC (AJourné mais Autorisé à Continuer ) permet aux élèves ayant validé au moins un semestre de passer à l’année supérieure au lieu de redoubler. Cela évite à l’étudiant une « année blanche » où il n’a que quelques matières dans son emploi du temps. Ces étudiants ont alors plus de cours l’année suivante et doivent valider ces matières : il n’est pas possible de passer en L3 avec des matières non validées de L1.
Les facultés ajustent ce système comme bon leur semble : elles peuvent par exemple imposer un nombre d’ECTS acquis minimal ou prévoir que les UE fondamentales doivent être validées pour en bénéficier (ce qui fait perdre de son sens au dispositif car ce sont généralement des majeures qui ne sont pas validées). Le statut d’AJAC n’existe pas dans toutes les facultés. Si ce choix vous est proposé, il faut être stratégique et bien peser le pour et le contre avant de se décider hâtivement.
Ainsi, il est parfois préférable de redoubler et avoir une année blanche pendant laquelle l’étudiant peut en profiter pour faire des stages et développer son projet professionnel que de se retrouver surchargé, délaisser les disciplines de L2 et être de nouveau AJAC l’année suivante.
Temple de l’étudiant studieux en droit, la BU devient pour certains une 2nde maison. Dans ce lieu de silence propice à la productivité, les étudiants se consacrent à la préparation de leurs TD, au fichage de leurs cours, à l’apprentissage des cours et aux révisions. À ces fins, ils effectuent des recherches et ça tombe bien car ils ont à leur disposition un fonds documentaire très pourvu avec une large variété d’ouvrages, de manuels, de revues juridiques, de dictionnaires, de codes… En outre, ils ont accès gratuitement à des bases de données numériques que leur fournit la faculté.
Conseil : dans vos recherches documentaires, privilégiez les éditeurs spécialisés (Dalloz, Lextenso…) plutôt que les éditeurs généralistes.
Telle une bouteille lancée à la mer, vous vous retrouverez abandonné et balloté dans tous les sens à votre arrivée à la fac : le maître mot est l’autonomie. Le ressenti face à cette nouvelle liberté connaît des variations extrêmes : de l’épanouissement à une déliquescence plus ou moins rapide.
Pour ces derniers, les universités mettent en place un dispositif d’aide pour rester à flot : le tutorat.
Des séances d’une à deux heures centrées sur une des majeures du semestre sont encadrées par des étudiants d’années supérieures, des doctorants ou des chargés de TD. Au cours de ces séances, les tuteurs apportent leur expertise en prodiguant des conseils méthodologiques spécifiques à la matière et en répondant aux éventuelles interrogations et incompréhensions soulevées pendant la préparation des TD. Le tutorat est, la plupart du temps, facultatif.
La maîtrise de l’ENT est essentielle pour suivre sa formation sereinement. L’ENT est la plateforme de l’université où l’étudiant retrouve outils et informations qui lui seront utiles.